la revue électronique de l'Institut de Recherche et d'Information sur le Volontariat (iriv) - www.iriv.net
« La meilleure des universités est une collection de livres.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Ecosse, 1795 – Londres, 1881).
L'institut de recherche et d'information sur le volontariat - iriv (www.iriv.net)
est un Institut privé qui travaille sur le bénévolat et le volontariat & l’éducation et la formation tout
au long de la vie. Créée en 2004 par Bénédicte Halba et Eve-Marie Halba, présidente et
secrétaire générale de l'iriv, la revue propose une réflexion sur des thèmes aussi variés que l'expérience, la promesse,
la différence, ou les confins... avec des témoignages venus de France, d'Europe et du reste du Monde.
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« The greatest university of all is a collection of books.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Scotland, 1795 – London, 1881).
The institute for research and information on volunteering (www.iriv.net)
is a private institute specializing in the non-for-profit sector in Lifelong Learning (LLL). It has directed,
coordinated, and been involved in many European and national projects. Its electronic review, les rives de l'iriv - www.benevolat.net -
was created in 2004 by Bénédicte Halba and Eve-Marie Halba, president and general secretary of the Institute.
The review has published articles on topics as various as experience, promise, difference or borders with contributions from France,
Europe and worldwide.
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Peter Wells, Recteur honoraire Université de Northampton
Au moment où j’écris, la tempête Ashley, première tempête britannique de la saison d’automne, se précipite vers l’Est à travers l’Atlantique. Quelques jours seulement après l’ouragan Milton qui a dévasté de grandes étendues de Floride ; pour beaucoup, malheureusement, un paradis perdu (2). Ces deux événements météorologiques sont complètement naturels, mais quelque chose d’anormal a rendu leur point d’arrivée et leur intensité presque entièrement prévisibles. Le déploiement et le développement de l’intelligence artificielle (IA) exceptionnelle au cours des dernières décennies a sans aucun doute rendu les prévisions météorologiques plus précises et les changements climatiques toujours plus prévisibles. Les paragraphes qui suivent explorent brièvement les liens entre ces événements naturels - tempêtes/changements climatiques - et le pouvoir anormal de l’IA. Lorsqu’on parle de changements climatiques et de la fréquence et de l’intensité des tempêtes, on peut considérer ces phénomènes non naturels. Pourtant des preuves scientifiques rigoureuses indiquent qu’ils sont causés par l’activité humaine.
Il est utile de faire la distinction entre différents types d’IA avant d’examiner deux liens spécifiques entre l’IA et les tempêtes/changements climatiques. Premièrement, l’IA à grande échelle, dont ChatGPT est un exemple très connu, et deuxièmement, ce que l’on pourrait appeler un apprentissage de la machine plus « étroit » et plus ciblé. La première approche concerne le premier type d’IA ; la seconde évoque le dernier type.
Depuis les années 1950, il est devenu courant et répandu dans le monde entier de donner un nom à des phénomènes orageux importants, comme les ouragans, les typhons... Ces noms sont choisis à partir d’une liste prédéterminée qui est à la fois masculine et féminine. Une question évidente est de savoir pourquoi nommer des tempêtes spécifiques ? Des réponses plausibles pourraient être : apporter des éclaircissements lors de la communication sur ces événements et éviter ainsi la confusion; être cohérent; aider à la sensibilisation du public; établir des documents historiques exacts... Cette liste a été générée par ChatGPT quand j’ai posé la question: pourquoi les tempêtes ont des noms ? Une question simple donne une réponse simple et directe. Mais il y a des aspects beaucoup plus intéressants lorsqu’on considère le nom des tempêtes. Prenons le cas de « Katrina », nom de l’ouragan qui a dévasté la côte du golfe des États-Unis en août 2005. L’utilisation du nom « Katrina » peut être un exemple de figure de style connue sous le nom de métonymie (3).
Il pourrait être utile de faire la distinction entre les différents types d’IA avant d’en explorer certains. Ce qui suit sera facilement compris : « Espérons que nous ne vivrons pas un autre Katrina dans notre vie ». Un défi : pouvez-vous poser à ChatGPT une question qui pourrait susciter une réponse établissant le lien entre la dénomination des tempêtes et la métonymie ? Bien sûr, la question ne doit pas contenir le mot « métonymie » ou « figures de style » - ce serait tricher! Pour le moment, nous avons besoin du pouvoir naturel de l’esprit humain pour générer des questions uniques et intelligentes afin de dénicher des idées et des connexions intéressantes qui suscitent la réflexion.
Le deuxième lien entre l’IA et les tempêtes/changements climatiques est celui qui se concentre sur l’apprentissage automatique « étroitement ciblé ». Karina Montoya dans la dernière édition du « Journal of The Royal Society of Arts » (4) donne un certain nombre d’exemples où ce type d’IA fournit des preuves claires et irréfutables que le climat change de manière négative en lien direct avec l’activité humaine. Par exemple, l’utilisation de la technologie de télédétection permet d’identifier le déboisement en Amazonie avec des routes clandestines qui sont un indicateur fort de ces activités nocives. Plus encore, l’IA permet d’identifier et de mesurer la fonte des icebergs, le suivi des émissions de carbone comme la prévision précise d’événements météorologiques extrêmes.
Il semble que la technologie de l’IA, sous les deux formes mentionnées, puisse avoir un rôle de plus en plus important à jouer pour prédire et corriger l’impact négatif du changement climatique. Les effets immédiats et directs d’un plus grand nombre de tempêtes intenses sont une puissante alerte. Le développement de ces catégories d’IA comporte une ironie souvent cachée, en particulier lorsqu’on considère la nécessité (?) d’augmenter la capacité des modèles génératifs de grands langages. Cette capacité repose sur une formation de plus en plus sophistiquée pour maitriser ces types d’IA et l’expansion des centres de données nécessaires pour y parvenir. Ces technologies nécessitent des quantités considérables d’énergie. Cela soulève donc la question suivante : retardent-elles l’arrêt des sources d’énergie émettrices de carbone pour nourrir ce développement particulier de l’IA et, ce faisant, exacerbent-elles le problème du changement climatique qu’elles ont le pouvoir de combattre?
En conclusion, et pour faire le lien entre l’IA et les changements climatiques et les phénomènes météorologiques violents, il serait utile de revenir à la dénomination des tempêtes. Si l’on considère que le développement de formes plus puissantes d’IA contribue en fait au changement climatique par une demande accrue de sources d’énergie fossiles, pourrait-on mieux nommer les tempêtes avec les noms des société suivantes : Shell, BP, Exxon, Aramco, Chevron,Total, etc.?
J’ai demandé à ChatGPT : Pouvez-vous penser à des noms pour les tempêtes qui soient différents de ceux qui sont habituellement utilisés? Il ne donne pas les noms des sociétés pétrolières et gazières. Autre défi : Pouvez-vous penser à une question qui ne préfigure pas la réponse dans la question? Quelle que soit les réponses, nous espérons qu’elles seront tumultueuses et tempêteuses…
(1) “Soufflez les vents et craquez vos joues , William Shakespeare (1608) King Lear, Act 3, Scene 2
(2) John Milton (1667) Paradise Lost
(3) mot, nom ou expression utilisé en remplacement d’autre chose avec laquelle il est étroitement associé- Oxford University Press (2007) Shorter Oxford English Dictionary, 6th Edition ; Figure par laquelle on exprime un concept au moyen d'un terme désignant un autre concept qui lui est uni par une relation nécessaire (cause et effet, inclusion, ressemblance, etc.)., Le Petit Robert, téléchargé le 30 octobre 2024
(4) Karina Montoya (2024) ‘Save the planet, eat the world’ in The Royal Society of Arts Journal, Issue 3, 2024, pp 12-17.