la revue électronique de l'Institut de Recherche et d'Information sur le Volontariat (iriv) - www.iriv.net
« La meilleure des universités est une collection de livres.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Ecosse, 1795 – Londres, 1881).
L'institut de recherche et d'information sur le volontariat - iriv (www.iriv.net)
est un Institut privé qui travaille sur le bénévolat et le volontariat & l’éducation et la formation tout
au long de la vie. Créée en 2004 par Bénédicte Halba et Eve-Marie Halba, présidente et
secrétaire générale de l'iriv, la revue propose une réflexion sur des thèmes aussi variés que l'expérience, la promesse,
la différence, ou les confins... avec des témoignages venus de France, d'Europe et du reste du Monde.
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« The greatest university of all is a collection of books.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Scotland, 1795 – London, 1881).
The institute for research and information on volunteering (www.iriv.net)
is a private institute specializing in the non-for-profit sector in Lifelong Learning (LLL). It has directed,
coordinated, and been involved in many European and national projects. Its electronic review, les rives de l'iriv - www.benevolat.net -
was created in 2004 by Bénédicte Halba and Eve-Marie Halba, president and general secretary of the Institute.
The review has published articles on topics as various as experience, promise, difference or borders with contributions from France,
Europe and worldwide.
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dr Bénédicte Halba, présidente fondatrice de l'iriv, co-fondatrice des rives de l'iriv
Dans « Siegfried et le Limousin », publié après la guerre, Jean Giraudoux écrit qu’ « un nœud finit toujours par se défaire du simple dégoût d’être un nœud » (1). En cette année de Centenaire de la Première guerre mondialequi opposait pour la deuxième fois la France à l’Allemagne (1914-1918), interrogeons-nous sur les conditions à réunir pour permettre une véritable réconciliation entre les Nations mais aussi entre les hommes.
La défaite de l’Allemagne en 1918 et le Traité de Versailles qui scellait la paix a été qualifié de « Diktat » par le peuple allemand. Il a préparé la Deuxième Guerre Mondiale (2). Dans les deux premiers conflits franco-allemands, l’esprit de revanche a empêché tout espoir de réconciliation. Les années d’entre-deux guerres, marquées par une crise économique et sociale sans précédent, ont plongé l’Allemagne (et toute l’Europe), dans une profonde dépression. Le national-socialisme s’est alors présenté comme l’unique alternative pour laver un honneur national bafoué.
En 1945, après la victoire alliée, l’Europe est en ruines. Un point de non-retour a été atteint avec la tentative d’extermination systématique, à grande échelle, de peuples condamnés par les « canons » aryens (3). Le péril nazi passé,les désaccords ont grandi entre les vainqueurs (alliés occidentaux et URSS) qui ont organisé la partition du continent européen à Yalta (4). Deux impérialismes, sous pavillon américain à l’Ouest, sous pavillon soviétique à l’Est, se sont affrontés pendant la Guerre froide (5).
Un point culminant est atteint en Europe avec la construction du mur de Berlin en août 1961. La capitale déchue, au cœur de l’Allemagne de l’Est (République Démocratique Allemande), est divisée en quatre zones : alliées à l’Ouest (américaine, anglaise et française), sous régime soviétique (russe) à l’Est. Le mur de Berlin a symbolisé pendant près de trente ans (1961-1989) la division du continent européen entre deux zones d’influence opposées (l’Ouest contre l’Est).
En 1964, les tensions toujours grandissantes entre les deux blocs ont entrainé la création d’un no man’s land. Dans cet espace infranchissable, au cœur de Berlin, l’église de la Réconciliation, semblait le symbole fragile d’un espoir de rapprochement. Il se produisit finalement en 1989 avec la chute du mur et le début d’une transition démocratique dans les pays d’Europe de l’Est.
Les destins de la France et de l’Allemagne ont semblé irréconciliables pendant soixante-quinze ans (1870-1945). Ils sont finalement scellés dans un projet commun, la construction européenne (6). Les premiers pas sont timides, entre six pays (Allemagne, France, Italie, Benelux), dans des secteurs limités, le Charbon et l'Acier (7). Les élargissements successifs et les compétences de plus en plus stratégiques confiées aux Communautés européennes, permettent une réconciliation durable entre les Nations. Elles dotent même d’un pouvoir régalien (frapper monnaie) la Banque Centrale européenne à Francfort (8).
Les associations pacifistes et les associations d’anciens combattants défendent, chacune à leur manière, la paix en Europe : en s’opposant aux conflits armés et au réarmement pour les unes, en rappelant les désastres causés par la guerre pour les autres (cérémonie du souvenir ou monuments aux morts). Aucune ne peut rivaliser dans la réconciliation en Europe avec les associations et les fondations qui défendent inlassablement la construction européenne (9). Elles rappellent, dans chacun des 28 pays de l’Union, la solidarité de fait que l’UE a créée entre les pays membres, à la fois dans les domaines économiques et sociaux mais aussi juridiques, environnementaux et culturels.
Dans la religion catholique, avec la pénitence, la réconciliation est l’un des sept sacrements. Elle est accordée à ceux qui ont confessé leurs péchés (10). Dans une conception plus laïque des choses, il faut avoir reconnu ses fautes pour espérer se réconcilier avec la personne à qui l’on a causé des torts. Depuis le mur de Berlin, d’autres murs ont été érigés, empêchant, momentanément, toute réconciliation entre des peuples, ou à un échelon plus personnel, entre les individus de communautés opposées. Ils ne sont pas éternels, à condition d’être identifiés comme tels.
Les murs les plus difficiles à franchir ne sont pas les plus visibles. Une histoire est édifiante à cet égard. Deux fous décident de s’échapper de leur asile. L’un des deux a un plan : « Si le mur est trop haut, nous creuserons un tunnel. Si le mur est trop bas, nous sauterons par-dessus ». Il envoie son acolyte, en éclaireur, pour faire un état des lieux. Le deuxième fou revient peu après et déclare : « Nous ne pouvons pas nous évader, il n’y a pas de mur ».
(1) Giraudoux (Jean), Siegfried et le Limousin, Grasset, Collection Cahiers rouges, Paris, 1959
(2) Les négociateurs français entendaient répondre à l’humiliation infligée à la France par Guillaume de Prusse en 1871 (après la première guerre opposant la France à l’Allemagne) qui avait fait proclamer, par provocation, l'Empire allemand, le 18 janvier 1871, dans la galerie des glaces du Château de Versailles
(3) Shoah et génocides des communautés Rom et Sinti.
(4) Signés en février 1945 par les Américains, les Britanniques et les Soviétiques, les accords de Yalta prévoient notamment, devant la défaite inéluctable de l'Allemagne, le partage de celle-ci en quatre zones d'occupation. La conférence de Yalta reflète surtout les rapports de force sur le terrain, qui vont inéluctablement conduire à la guerre froide. Source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/conf%C3%A9rence_de_Yalta/150209
(5) 1945-1989, guerre officieuse qui a vu s’affronter les démocraties occidentales sous influence américaine à l’Ouest aux pays du Pacte de Varsovie, vassaux de l’URSS, à l’Est
(6) Le Traité de Rome, signé en 1957, crée la Communauté économique européenne (CEE) devenue Union Européenne en 1995.
(7) La Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) est créée en 1954 par le Traité de Paris
(8) 18 des 28 pays de l’Union européenne font partie de la zone Euro en 2014
(9) comme la fondation Schumann à Paris et Bruxelles, créé en 1991 après la chute du mur de Berlin, reconnue d'utilité publique (http://www.robert-schuman.eu /)
(10) les autres sacrements sont le baptême, la confirmation, l’eucharistie, le mariage, l’ordination, le sacrement des malades