la revue électronique de l'Institut de Recherche et d'Information sur le Volontariat (iriv) - www.iriv.net
« La meilleure des universités est une collection de livres.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Ecosse, 1795 – Londres, 1881).
L'institut de recherche et d'information sur le volontariat - iriv (www.iriv.net)
est un Institut privé qui travaille sur le bénévolat et le volontariat & l’éducation et la formation tout
au long de la vie. Créée en 2004 par Bénédicte Halba et Eve-Marie Halba, présidente et
secrétaire générale de l'iriv, la revue propose une réflexion sur des thèmes aussi variés que l'expérience, la promesse,
la différence, ou les confins... avec des témoignages venus de France, d'Europe et du reste du Monde.
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« The greatest university of all is a collection of books.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Scotland, 1795 – London, 1881).
The institute for research and information on volunteering (www.iriv.net)
is a private institute specializing in the non-for-profit sector in Lifelong Learning (LLL). It has directed,
coordinated, and been involved in many European and national projects. Its electronic review, les rives de l'iriv - www.benevolat.net -
was created in 2004 by Bénédicte Halba and Eve-Marie Halba, president and general secretary of the Institute.
The review has published articles on topics as various as experience, promise, difference or borders with contributions from France,
Europe and worldwide.
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dr Bénédicte Halba, présidente fondatrice de l'iriv, co-fondatrice des rives de l'iriv
"Qui témoignera pour le témoin ?". La question posée par Antonio Tabucchi dans Tristano meurt, roman testamentaire et visionnaire sur soixante ans d'histoire de l'Italie (1), est au cœur des missions de témoignage et de défense des droits que se sont données les associations quel que soit leur champ d'intervention.
A l'occasion des cinquante ans de la fin de la Guerre d'Algérie (2), rappelons l'action de la Fédération Nationale des Anciens combattants en Algérie, au Maroc et en Tunisie (FNACA) (3). Créée en pleine guerre d'Algérie, le 21 septembre 1958, la FNACA a témoigné des combats qui se sont déroulés en Afrique du Nord. Si la qualité d'Anciens combattants n'a jamais posé de problèmes pour les deux conflits mondiaux (1914-1918 et 1939-1945) ni pour la guerre d'Indochine (1946-1954), elle a été d'abord refusée pour les " événements " algériens.
Grâce à la FNACA, la carte du combattant a finalement été attribuée aux anciens d'Afrique du Nord et la qualité de guerre a été reconnue officiellement aux " événements " d'Algérie (4). La fédération a donné la parole à toute une génération de jeunes appelés, nés dans les années 1930, témoins involontaires d'une guerre qui n'était pas reconnue comme telle. Elle a été un fidèle reflet de leurs doutes et de leur " mémoire meurtrie " (5).
Dans le domaine de la santé, la loi Kouchner de 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système sanitaire, a été le fruit du combat des associations de lutte contre le sida et contre le cancer (6). Elle a posé l'obligation d'accompagner la personne malade et sa famille. En 2005, la loi Léonetti sur les droits des malades en fin de vie a renforcé le rôle de la "personne de confiance". Un dialogue s'est amorcé au sein de l'institution hospitalière entre malades, familles, médecins, cadres hospitaliers et bénévoles.
Grâce aux associations, l'intervention de " tiers" à l'hôpital a été reconnue. Un agrément pour les associations de malades a été créé. Elles sont représentées dans les instances de santé et ont la possibilité d'ester en justice. Devenues des interlocuteurs incontournables, elles apportent un regard critique sur la prise en charge des malades en insistant sur leur besoin d'information. Leur action reflète l'évolution de la jurisprudence pour l'accès à l'information des malades. Elle a permis une humanisation de la vie dans les hôpitaux.
En matière d'immigration, le décret du 22 août 2008 a défini les modalités d'assistance juridique dans les Centre de rétention administrative (CRA) (7). L'Etat a passé des conventions avec cinq associations (8) dont la mission est de proposer " une vision d'ensemble de la réalité de la rétention des étrangers en France ". Elles ont le devoir d'alerter sur les atteintes aux droits fondamentaux des personnes " retenues " en métropole ou Outre-mer (9).
Cette évolution française s'inscrit dans l'esprit de la "directive retour " qui tente d'harmoniser les conditions de rétention et de reconduite des immigrés illégaux dans l'Union européenne (10). En particulier, elle définit des standards de conditions de vie à garantir dans les centres de rétention. Les étrangers doivent bénéficier d'un droit à l'aide judiciaire et d'un droit de recours. Des mesures d'assistance, comme la mise à disposition d'interprètes ou la fourniture de soins médicaux, sont également prévues. La directive prévoit enfin que la durée administrative de rétention est fixée à six mois maximum (11).
Auprès de l'Armée, de l'Assistance Publique, ou du Ministère chargé de l'Immigration, les associations ont été les porte-paroles des " sans voix ", anciens combattants d'Afrique du Nord, malades ou personnes immigrées. Elles ont témoigné fidèlement pour ceux qui n'avaient pas les moyens d'exprimer leurs doutes sur des situations confuses : une guerre qui ne disait pas son nom en Algérie, un manque de transparence dans les hôpitaux ou des situations de non-droit dans les centres de rétention. Ce public " muet " et " invisible " a soudain eu une voix, une histoire et une identité.
La mission des associations est aussi, comme celle de l'écrivain, de rendre intelligibles les reflets d'une réalité compliquée comme l'écrit avec justesse Antonio Tabucchi dans Autobiographies d'autrui (12) :
Un matin quelconque, tu ouvres une fenêtre dans un pays qui n'est pas le tien : quelque chose d'inattendu arrive. Et voilà qu'à l'improviste, de ton invisible valise sort la mémoire qui donne l'illusion de saisir un paysage incompréhensible.