la revue électronique de l'Institut de Recherche et d'Information sur le Volontariat (iriv) - www.iriv.net
« La meilleure des universités est une collection de livres.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Ecosse, 1795 – Londres, 1881).
L'institut de recherche et d'information sur le volontariat - iriv (www.iriv.net)
est un Institut privé qui travaille sur le bénévolat et le volontariat & l’éducation et la formation tout
au long de la vie. Créée en 2004 par Bénédicte Halba et Eve-Marie Halba, présidente et
secrétaire générale de l'iriv, la revue propose une réflexion sur des thèmes aussi variés que l'expérience, la promesse,
la différence, ou les confins... avec des témoignages venus de France, d'Europe et du reste du Monde.
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« The greatest university of all is a collection of books.»
Thomas Carlyle (Eaglais Fheichein, Scotland, 1795 – London, 1881).
The institute for research and information on volunteering (www.iriv.net)
is a private institute specializing in the non-for-profit sector in Lifelong Learning (LLL). It has directed,
coordinated, and been involved in many European and national projects. Its electronic review, les rives de l'iriv - www.benevolat.net -
was created in 2004 by Bénédicte Halba and Eve-Marie Halba, president and general secretary of the Institute.
The review has published articles on topics as various as experience, promise, difference or borders with contributions from France,
Europe and worldwide.
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Mona Lisa, fonctionnaire européen
Dans Les lettres persanes (1), Montesquieu finissait par cette interrogation " Comment peut-on être Persan ? ". La question se pose toujours si l'on en juge par la différence de traitement entre les nouveaux candidats à l'adhésion de l'Union européenne. Les confins de l'Europe ne sont pas perçus de la même manière.
Au Nord, l'Islande a déposé, en juillet 2009, sa candidature pour adhérer à l'Union. Littéralement " terre de glace ", l'Islande est un État insulaire de l'océan Atlantique, situé entre le Groënland et l'Écosse, au nord-ouest des îles Féroé. Petit pays peu peuplé (2), il était au deuxième rang des pays les plus développés au monde en 2006 (3) après la Norvège. La crise économique et financière de 2007-2008 a ruiné l'Islande et l'a menacée de banqueroute. Si le gouvernement islandais souhaite entrer dans l'Union, l'adhésion ne suscite pas le même enthousiasme auprès de sa population. En revanche, elle ne pose aucun problème aux autres pays de l'Union.
Au Sud, la Turquie a déposé sa candidature à l'Union européenne en 1987. Six fois plus grande que l'Islande (4), elle est surtout forte d'une population nombreuse (5) à majorité musulmane (6). La Turquie a des frontières communes avec la Grèce, la Bulgarie, la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, l'Iran, l'Irak et la Syrie. Elle est classée au 79ème rang mondial selon l'indice de développement humain. Le gouvernement et la population turque sont très favorables à leur entrée de leur pays dans l'Union européenne. En revanche, son adhésion suscite de nombreuses réserves de la part de nombreux pays européens au premier rang desquels l'Allemagne et la France.
La Turquie est le seul État musulman laïc. La laïcité a été imposée par Atatürk comme principe fondateur intangible de la République de Turquie. Cette laïcité n'est pas, comme en France, une séparation entre les Églises et l'État. L'Etat turc organise et contrôle la communauté des croyants : les 72.000 imams en Turquie sont des fonctionnaires, payés et formés par l'État et dont les prêches hebdomadaires sont écrits par les fonctionnaires du ministère des Affaires religieuses. La laïcité turque signifie la relégation de la religion dans la sphère privée et son absence complète dans la vie publique (7).
En France, la laïcité est aussi un principe républicain fondateur. La loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905 est une des grandes lois de libertés publiques, comme la loi de 1901 qui a fondé le contrat d'association. Elle a permis l'émergence et le développement d'un monde associatif riche et varié, fort de 14 millions de bénévoles et d'1 million d'associations.
A l'occasion de l'Année européenne du bénévolat de 2011, une étude a été menée par le cabinet GHK (8), auprès des 27 pays de l'Union européenne, pour mesurer l'importance du bénévolat. On apprend qu'un Européen sur cinq est bénévole (entre 100 et 150 millions en 2010) et que les traditions et les héritages culturels ont une incidence sur l'engagement avec des niveaux d'engagement variés (9). Mais l'approche quantitative proposée est insuffisante pour comprendre les enjeux du bénévolat pour la société européenne.
Un engagement bénévole permet de promouvoir la citoyenneté. Des Européens engagés sont plus concernés par les enjeux sociaux, la lutte contre l'exclusion et toutes les formes de discriminations (genre, âge, origines sociales et culturelles), pour l'égalité des chances. Les bénévoles participent plus volontiers aux scrutins politiques, qu'ils soient locaux, nationaux ou européens, en apportant un vote éclairé aux choix qui leur sont proposés. Le sociologue américain Robert Putnam a souligné le lien qui existe entre un engagement associatif et le taux de participation aux élections (10). Un individualisme forcené détourne souvent de son devoir civique. Plus le taux d'absentéisme électoral est grand, plus la démocratie est affaiblie.
Sous cet angle, l'Année européenne du bénévolat/volontariat peut être l'occasion de nous interroger sur la singularité du modèle européen. Qu'y a-t-il de commun entre un bénévole français, anglais, polonais ou espagnol ? Qu'a apporté l'action des associations à la construction de l'Europe ? L'adhésion à l'Union européenne pourrait aussi prendre en compte cette dimension importante de la citoyenneté européenne : être libre de s'engager, de manière désintéressée, dans une structure associative de son choix, pour l'intérêt général…
La question n'est plus " comment peut-on être turc ? " mais " comment devient-on un citoyen Européen " ?